Il y a des jeux, comme ça, qui reviennent vous chercher au détour d’une génération de consoles. Pas parce qu’ils ont fait sensation en leur temps, ni parce qu’ils portent une aura culte savamment entretenue, non. Simplement parce que Nintendo, parfois, se réveille un matin en demandant à Sakurai « Tiens, si on remettait Kirby et sa bande sur un truc qui avance tout seul ? » Et voilà comment, en 2025, nous nous retrouvons avec Kirby Air Riders sur Nintendo Switch 2, suite spirituelle d’un titre qui, rappelons-le, a toujours semblé sortir d’une timeline parallèle de la Gamecube et qui n’a connu qu’un succès d’estime modeste au Japon.

Un jeu d'une grande générosité qui a sous le capot

kirby air riders test

Lancer Kirby Air Riders, c’est un peu comme retomber nez à nez avec un vieux pote qu’on ne pensait plus jamais revoir. C’est un peu gênant au début, on se jauge un peu, on se demande si la magie va reprendre, puis au bout de deux virages et trois dérapages approximatifs, on rit déjà comme de grands gamins, on ne veut plus se quitter. Ce n’est pas forcément le jeu que l’on mettrait dans toutes les mains, ni un jeu qui cherche à séduire tout le monde. Il a son tempérament, il a confiance en qu’il est et qui te dit presque « Si t’es chaud viens, sinon tant pis pour toi ». Mais dans sa générosité presqu’aussi indécente que naïve, il devrait trouver une petite étincelle pour accrocher chaque type de joueur, du simple curieux au compétiteur obstiné. Il a cette petite magie qui séduit en douce.

Avec ce second épisode, Sakurai déroule son vieux credo : celui d’un gameplay réduit à l’os, pensé pour tenir sur une seule touche ou presque, mais qui s’ouvrirait comme un origami truffé de grains de malice dès qu’on commence à le manipuler. Kirby Air Riders ne déroge pas à la règle : de la course survitaminée, des accents de Smash Bros, et ce goût pour le fun immédiat, sans compromis. Sur le papier, c’est d’une simplicité biblique : un bouton pour drifter ou avaler et recracher des petites bestioles sur le voisin importun, une autre pour libérer son attaque spéciale, une des grandes nouveautés de cet épisode, des joysticks qui se font malmener quand il faut gérer les trajectoires ou maîtriser un atterrissage.

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Tout est simplifié à son minimum, quitte à provoquer quelques maladresses au détour d’un virage ou d’une attaque qui n’aura existé que dans notre imaginaire. C’est là la beauté du jeu : un gameplay simple, quasiment universel, mais qui dévoile ses vraies dents dès qu’on veut aller plus loin. Sous les rondeurs rassurantes de Kirby se cache un jeu autrement plus exigeant qu’il n’y paraît, rempli de subtilités, de timings à comprendre, et d’une nervosité qu’on ne soupçonnerait pas au départ. Sans drift maîtrisé, sans gestion fine de l’aspiration, les premières courses peuvent paraître molles. Puis la courbe d’apprentissage commence à grimper et le jeu libère sa vraie dynamique, montre ce qu’il a dans son gros ventre.

Et c’est à ce moment-là que Kirby Air Riders dévoile tout son potentiel, dès qu’on accepte de lui consacrer du temps et de l’apprivoiser. Et du temps, les plus complétistes vont devoir en trouver car le jeu est une véritable machine à collectionner avec plus de 150 collectibles à récolter dans chacun des modes de jeu, mode en ligne compris. Des personnages à débloquer, des véhicules aux looks improbables, des tonnes de cosmétiques, des bannières et des options de personnalisation à n’en plus finir… Kirby Air Riders a le ventre bien rempli. Sakurai l’a annoncé sans détour : ce que nous avons entre les mains, c’est la version finale, complète, sans DLC, sans season pass, sans personnage vendu à la découpe. Tout est dans la cartouche, comme au bon vieux temps. C’est un jeu qui transpire la passion de ses créateurs, qui respecte le joueur et auquel a été apporté un soin démesuré.

Parfait pour des petites sessions

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Kirby Air Riders n’est clairement pas avare en contenus, et a ce qu’il faut dans son garde manger pour satisfaire un bon nombre de profils de joueurs, notamment grâce à ses personnages ayant chacun leurs caractéristiques et attaques spéciales, ses véhicules sont variés, avec des stats qui influencent vraiment les performances, et ses modes de jeu sont suffisamment diversifiés pour ne pas risquer de complètement tourner en rond, mais on finit inévitablement par avoir ses chouchous. Et le mien, c’est le mode City Trial, qui illustre parfaitement pourquoi certains lui avaient collé l’étiquette de Smash Bros des jeux de course avec son côté arcade très assumé. Le principe est inchangé : on lâche tous les joueurs dans une grande ville dans laquelle on se tape dessus, brise des caisses et ramasse tout un tas d’améliorations de statistiques en cinq minutes chrono. Le tout est ponctué de quelques événements aléatoires, comme une course improvisée, un boss à taper et bien plus encore. A la fin du temps imparti, tout ce beau monde se départage dans une épreuve choisie parmi une sélection de quatre, proposées aléatoirement, que ce soit du combat en arène, de la course de vitesse ou un défi où l’on doit planer le plus loin possible.

C’est un joyeux chaos imprévisible à chaque partie, où le fun immédiat, la folie et les rebondissements l’emportent sur la précision du gameplay. Mais, il y a toujours un mais, comme avant, ça reste une loterie. Toutes les épreuves proposées ne se valent pas, et selon où penche la balance côté stats, certains joueurs se retrouvent clairement avantagés. Le jeu, heureusement, a la décence de nous donner des conseils en nous recommandant une épreuve adaptée à nos statistiques, mais quand le mini-jeu ne nous plaît pas, quand on est trop désavantagé, on se retrouve à se dire : « tout ça pour ça ? ». Mais bon, c’est le jeu, ma pauvre Lucette. Les années passent, la tâche reste pour le mode City Trial, bien qu’il ait multiplié son nombre de mini-jeux dans Kirby Air Riders, qui sont dans l’ensemble très funs, mais inégaux. C’est frustrant, oui, mais c’est aussi un véritable défouloir où, au final, on se marre bien quand même.

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Les deux modes de course les plus classiques de, à savoir l'Air Ride et le Top Ride, sont de retour, et pas de grosse surprise ici. L'Air Ride, c’est de la course arcade dans sa forme la plus simple : on fonce, on récolte des objets, on se tape dessus et on essaie de ne pas faire d’erreur. Parce qu'un virage mal pris, un item mal utilisé, et toute la course peut basculer. Le Top Ride, lui, c’est un peu la version plus débridée où l’on passe à des circuits miniatures vus du dessus avec avec deux styles de pilotage au choix : une conduite multidirectionnelle, moderne et dynamique, ou une conduite bidirectionnelle plus classique. Ce mode, plus frénétique, injecte une bonne dose d’adrénaline avec ses pistes truffées de pièges et ses objets à foison, où tous les coups sont permis. Puis, il y a le mode Road Trip, le mode histoire qui prend son rôle à cœur en nous forçant à enchaîner de courtes épreuves variées. C’est un mix de courses, de mini-jeux de City Trial, et de bouts de Top Ride, tout ça dans un format rapide et léger. À la fin, un boss vient pimenter le tout, et là on sent l’influence de Smash Bros. Ce sera un vrai délice pour les fans du lore de Kirby tandis que pour les autres, c’est plus une succession de mini-jeux dont l’intérêt peut varier.

C’est marrant cinq minutes, on ne passera pas des journées entières dessus et ce n’est pas ce que cherche Kirby Air Riders. C’est un concentré de fun immédiat, qui s’impose comme le jeu multijoueur parfait pour jouer entre amis ou avec sa famille. Le jeu fait tout bien : c’est fluide, absolument sublime en mode docké sur Nintendo Switch 2 et tout aussi ronronnant en mode nomade. Jamais il ne flanche, jamais il n’est pris en défaut. Il faudra évidemment voir si les serveurs tiennent la route lors de la sortie, mais après les sessions de test organisées ces dernières semaines, il n'y a pas trop de raisons de s'inquiéter.

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